Encore une fois Key se retrouvait seul et en pleine forêt, pour le compte de ses obligations. Les voyages à répétitions le fatiguaient, mais il admettait volontiers que c’était l’un des meilleurs moyens de se ressourcer et de faire le point sur les événements passés et à venir.
De plus, ils lui permettaient de découvrir des contrées parfois insoupçonnées, voire même de faire de belles aventures.
Pour l’heure ces joies n’étaient pas au rendez-vous. La nuit était tombée vite sur les grands arbres verts. Assit bien droit sur la selle de Pashta, tous ses muscles tendus et ses sens en alerte, le Dominant faisait avancer sa monture d’ébène à un rythme rapide. Navigant entre les troncs de pins, d’aulnes et de chênes, il n’osait trop s’éloigner du sentier.
Voilà des heures qu’il aurait dû chercher un abri pour la nuit. Les vallées accueillantes ne manquaient pas, il était même passé près d’un cours d’eau un ou deux kilomètres plus tôt, mais depuis quelque temps il se sentait épié, suivi. Sa jument aussi montrait des signes de nervosités, ses oreilles s’agitaient à chaque petit son, sa queue de jais fouettait l’air sous l’effet de l’inquiétude. Pour la calmer, Key se pencha et lui flatta l’encolure, lui murmurant quelques mots rassurants.
Plus il avançait et plus les craquements du tapis épineux et les bruissements des feuilles se rapprochaient. Impossible d’accélérer à cheval dans le bois de Moniek, les sentiers fins, les arbres rapprochés et les branches basses sont des périls que le mercenaire préférait éviter tant qu’il le pouvait.
La main posée sur la garde de son épée, Key espérait patiemment que ses poursuivants se manifestent, qu’ils puissent enfin passer à l’action.